S’il y a bien dans les alentours de Meslon un endroit chargé de légendes et d’histoires populaires, c’est bien vers le Pas de la mule qu’on se tourne sans hésitation. Situé sur la commune de Braize, dans l’Allier, à une portée de fusil de la lisière de la forêt de Tronçais, le site se présente comme un affleurement gréseux composé d’un bloc de quelques dizaines de centimètres au dessus du sol, portant une profonde cavité cylindrique d’un diamètre comparable à un sabot d’âne ou de mule, d’où son nom. Ce genre de curiosité n’est pas unique et on trouve parfois, complètement au hasard d’un déplacement, des rochers du Pas de la mule dans d’autres régions que le Bourbonnais. Souvent, le même contexte légendaire, faisant intervenir le diable et la mule sur laquelle il était dit qu’il courait les campagnes, dans des histoires toujours édifiantes où la vertu chrétienne triomphe à la fin des ruses du Malin.
Partant de ce thème, certains amateurs de folklore ont prétendu retrouver dans les récits d’épopées où le Bien et le Mal s’affrontent le souvenir de la christianisation de la Gaule, affirmant reconnaître dans les trous des rochers, excusez du peu, des cupules druidiques ou autres vestiges protohistoriques.
Même si la pierre à légende de Braize est un endroit que je trouve tout à fait plaisant et bien mis en valeur, que les légende qu’elle a inspirées peuvent être lues sur place grâce aux bons soins des gens du cru, je n’arrive pas à y voir autre chose que le socle d’une, certainement très ancienne, croix de chemin ou de justice, située au croisement de deux routes, et qu’un tailleur de pierre a naguère creusé pour y ménager le logement d’un calvaire de bois. Une telle fonction peut suffire à expliquer une partie des légendes recueillies par les folkloristes dans les décennies antérieures.
Qu’on adhère à cette thèse ou qu’on préfère s’absorber dans les histoires merveilleuses, un arrêt près de cette pierre, toute proche de la petite église de Braize, est recommandé.