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19 septembre 2013 4 19 /09 /septembre /2013 09:35

concombres

 

J’ai l’honneur de vous présenter trois produits de mon potager, que vous ne trouverez jamais dans une grande surface. La raison? Ils sont illégaux.
M’embastillera t-on un jour pour cela?
Ça m’étonnerais, mais, de par la Loi européenne, je cultive des espèces non conformes au très officiel catalogue européen des semences, que Bruxelles, inspiré par les conseils avisés des grands semenciers internationaux, a rédigé, pour empêcher que prolifèrent dans nos jardins ces légumes économiquement dangereux.
Que leur reproche t-on, pour leur faire porter le carcan de la prohibition?
Ils ont du goût, ils se conservent bien, ils sont sobres et rustiques (peu d’eau, aucun produit chimique), ils sont vivants (leurs graines peuvent être semées), bref, rien à voir avec leurs tristes et fades copies qu’on trouve sur les étals des grandes surfaces.
D’où sortent-ils?
Certains sont cultivés par des communautés aborigènes depuis des milliers d’années, comme le prouve l’archéologie. D’autres étaient des petits légumes de proximité, comme ce cornichon blanc crème qu’on retrouvait sur les tables de tous les bistrots parisiens. Ils ont voyagé dans les cales des explorateurs portugais de la Renaissance, ont été protégés par des agronomes visionnaires, ou ont tout simplement été donnés entre deux verres de blanc-limonade, à la terrasse d’un café d’un quartier maraîcher. Rien, mais rien à voir avec ces hybrides de chanvre ou ces pavots à opium qui alimentent les trafics, mais pénalement, ils ont presque le même statut.
Je ne connaissais pas bien la question jusqu’à ma première rencontre avec les militants de l’association Kokopelli, honnie, diffamée et traînée en justice par un grand semencier à qui je ne ferai pas l’honneur d’un seul mot de publicité en citant son nom, mais toujours debout. Ces militants ne sont pas dans la communication ampoulée et gentiment consensuelle: ils défendent leurs principes sans concession, et offrent à des petits bricoleurs de jardin comme moi l’opportunité de semer des plantes qui tiennent autant de la curiosité végétale que de l’aubaine pour cuisiniers.
Que ce billet soit une invitation à découvrir leurs valeurs et leurs semences.

 

la boutique Kokopelli

 

Au fait, il s’agit de concombres, sur la photo...

© Olivier Trotignon 2013

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6 juin 2013 4 06 /06 /juin /2013 08:12

 

naturiste

On le connaissait public, médiéval, ouvrier, de curé, potager, tropical, bio...Le jardin est une entité qui se décline sous de multiples épithètes.
J’ai l’honneur de vous inviter à découvrir une nouvelle espèce, découverte le long d’une petite route d’une commune proche de chez moi, et qui avait jusque là échappé à l’attention des linguistes: le jardin naturiste.
Vu de la route, il présente le même aspect que n’importe quel potager: rangs  de légumes, tas de compost et vielle bobine EDF pour poser le pulvérisateur ou le casse-croûte du jardinier, mais lui présente une caractéristique unique: il est naturiste.
Ce qui me plonge dans un abîme de conjectures.
La main qui tenait le pinceau cherchait-elle à avertir de promeneur de quelque grave menace pesant sur l’inconscient mûrissant de coupables projets de larcin visant les légumes, eux-mêmes mûrissant? Et quel était la nature de la menace? Apparition d’un Priape dénudé entre deux rangs de laitues? Obligation de déposer ses vêtements sur la bobine EDF avant d’arracher les navets? Pire encore?
La langue française a ceci de magique qu’elle contient une foule de mots aux sens subtils et imagés, mais on sait que certains se perdent dans la foule. Nous supposerons donc que notre maraîcher anonyme s’est essayé au jardinage sans produits chimiques, vertu que nul ici ne songera à lui reprocher et dont il s’est appliqué à faire la réclame, avec juste un peu moins de dextérité à planter les mots que les légumes.

© Olivier Trotignon 2013

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23 décembre 2012 7 23 /12 /décembre /2012 19:40

gui2

 

L’approche de la fin d’année et les traditions qui s’y attachent m’invitent à vous faire découvrir une rareté botanique: le gui de chêne.
Ce parasite, commun sur plusieurs essences, est paraît-il extrêmement rare sur le chêne, si bien que j’ai été très surpris d’en trouver sur un, puis sur deux arbres, il y a une quinzaine d’années.

 

gui1

 

La plante prolifère lentement depuis sur les deux arbres concernés, sans affecter du tout les chênes voisins, qui sont pourtant au contact par les houppiers, et plusieurs boules supplémentaires se sont formées avec le temps.
Averti du caractère exceptionnel de cette observation - je n’ai jamais vu ailleurs dans la région d’autres spécimens - et ayant depuis longtemps renoncé au plaisir de grimper aux arbres, je laisse le site en l’état.
Tout le monde sait que le gui de chêne était associé à certaines cérémonies religieuses en Gaule avant l’arrivée des romains, et le récit que Pline fait de sa cueillette a nourri une littérature énorme, parfois savante, trop souvent illuminée. C’est pourquoi je ne souhaite donner aucune précision sur l’endroit où se trouvent les deux arbres.
Toutefois, si un collègue botaniste ou chercheur désirait à s’en procurer pour étude, il est possible de me contacter par l’intermédiaire du blog, ou à l’adresse suivante:
berrymedieval#yahoo.fr (le # remplace le @ afin d’éviter les spams).
Pour toute autre personne, celtomane, pseudo-druide ou sombre initié comme il s’en manifeste parfois en message privé pour m’instruire de leurs découvertes révolutionnaires, je leur conseille d’éviter de perdre leur temps et d’employer plutôt celui ci à relire les vieux Astérix...

 

gui3

© Olivier Trotignon 2012

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28 août 2011 7 28 /08 /août /2011 07:32

Cher2011-plage

 

Prospectant à des fins diverses les rives du Cher depuis les années 70, et habitant depuis plus de 20 ans à quelques minutes de son lit, j'ai eu tout le loisir d'observer l'évolution de la pollution apparente, celle qui n'est sans doute pas la plus sournoise, qui dégrade ce cours d'eau. Or, depuis quelques années déjà, la situation tend, pour l'aspect extérieur de l'eau et des berges, à se régulariser.
Les aînés parmi les pêcheurs racontent souvent un Cher dans lequel on se baignait, où l'on voyait ses pieds avec de l'eau jusqu'à la taille, dans lequel frétillait une faune aquatique innombrable. Puis vint le temps des engrais agricoles et des usines chimiques du bassin de Montluçon, l'odeur envahissante de chou-fleur pourri tous les matins quand le temps était bas, une eau sale, verdâtre, des filaments gluants sur les pierres, les déchets plastiques pris dans les branches basses. Même sans être particulièrement porté sur l'empalement d'asticots, le préhistorien remarquait le dépeuplement du milieu aquatique, un nuage d'alevins passant certaines années pour un événement. Les plages de la rivière contenaient assez d'objets pour ravir les archéologues du futurs: vieux solex, bouteilles, bidons de produits chimiques, électro-ménager, appareil-photo et console de jeux (un cambrioleur qui n'avait pas réussi à écouler son butin?), pièces automobiles, cadavres d'animaux....jusqu'à un petit serpentin d'alambic clandestin, preuve du goût d'un riverain pour la chimie et le pousse-au-meurtre de contrebande.

 

Cher2011-nénuphard

 

On ne sombrera pas dans la mièvrerie d'une description du Cher semblable à un dessin d'élève de maternelle. Le fleuve continue à être encrassé par toute une faune de phobiques des bennes à ordures et j'imagine qu'un chimiste occuperait son hiver avec tout ce qui est dilué dans un simple verre d'eau mais objectivement, l'état de la rivière s'améliore. La réduction des épandages d'engrais, le piège que représente pour eux la végétation des rives, en constante progression faute d'entretien par les riverains, les stations d'épuration en amont et peut-être aussi la fermeture de certaines usines ont considérablement réduit la pollution visible. L'eau est plus claire qu'à une époque, et n'a plus cette odeur de vase savonneuse qui montait à chaque fois qu'on traversait en bottes. Des nénuphars, des plantes à longs filaments qui attirent les libellules occupent de plus en plus de place. La faune subaquatique est apparemment plus présente car on voit beaucoup plus de poissons et d'alevins.

 

Cher2011-poissons

 

Depuis deux ans environ, des batraciens ont envahi une partie des endroits calmes et la grosse grenouille verte, facile à repérer, peuple de longs secteurs du cours d'eau. Quand au castor, qui est un peu l'animal fétiche de ce blog, j'ai eu la bonne surprise d'en observer des traces toutes fraîches dans un endroit tout à fait inattendu, loin des anciens étangs de gravières près desquels il semble se terrer mais à proximité directe d'un petit bras mort dont il existe des dizaines d'autres un peu partout. Deux plaques de ce qui pourrait être du castoréum étaient observables au même niveau que de multiples branches de saule coupées et traînées par l'animal.

 

Cher2011-castorium

 

Tout en étant conscient qu'on ne peut généraliser cette situation constatée au sud de Saint-Amand-Montrond à toute la vallée du Cher, on se réjouira néanmoins de ces progrès, qui devraient donner envie à plus de pêcheurs, de sportifs et de promeneurs d'aller passer une partie de leur temps libre au fil de l'eau.

 

Cher2011-arbre

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24 juillet 2010 6 24 /07 /juillet /2010 12:51

chanvre1

Cannabis. Voilà le dernier mot que je me serais attendu à trouver dans cette charte de 1180. Suivant à la loupe chaque terme du texte original de la vente d’une exploitation agricole de la région de Sancerre dans le dernier tiers du XIIe siècle, j’ai vécu un petit moment de surprise et de perplexité en déchiffrant ce mot, avant, bien entendu, de le replacer dans son contexte. Que l’on ait cultivé du chanvre dans le Berry à l’époque des Croisades est une information qui permet au moins de dater le début d’ un phénomène économique qui se poursuit jusqu’à nos jours, même si sa pratique diffère sensiblement des usages anciens.
Aujourd'hui, le chanvre est cultivé dans des parcelles de plusieurs hectares, récolté mécaniquement comme le lin, et vendu à des filatures qui exploitent la fibre de manière industrielle.
Naguère, et cela jusqu’entre les deux guerres, d’après certains auteurs, les plantations de chanvre occupaient un petit espace dans les jardins paysans, qui le cultivaient essentiellement pour disposer de liens et de petits cordages indispensables à l’exercice de leur profession. Cordes, sacs, pièces de certains vêtements étaient ainsi produits en autarcie dans les domaines agricoles, nobles et rustiques. Une chènevière est par exemple signalée en 1610 dans une métairie dépendant du château de Meslon.
De nombreux témoignages plus récents montrent que dans cette portion de la vallée du Cher située en amont de Saint-amand-Montrond, la culture du chanvre fournissait même un complément de revenus aux agriculteurs qui la pratiquaient, aidés dans leur tâche par la présence de la rivière dans les eaux de laquelle les bottes de chanvre étaient mises à rouir pour débarrasser la fibre textile de la cellulose inutile. Cette opération est curieusement à l’origine des premières pollutions qu’ait connu la rivière, le rouissage du chanvre s’accompagnant d’odeurs pestilentielles pour les riverains, comparables aux relents que dégagent certains purins d’ortie mal dosés par les jardiniers amateurs de légumes biologiques. Une fois retiré de la rivière ou des mares, le chanvre subissait l’étape de l’assouplissement de sa fibre grâce à des instruments identiques à celui photographié ci-dessous.
chanvre2
Par bonheur, la communauté Emmaüs locale mit en vente il y a une vingtaine d’années un lot d’outils récupérés dans une ferme des alentours de la Celette, près d’Ainay-le-Vieil. Parmi les différents objets proposés, cette belle braye à chanvre, réalisée en planches de chêne et n’ayant visiblement jamais servi, fournit une intéressante illustration d’une pratique ancestrale aujourd’hui disparue.

chanvre3

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Fidèle aux principes de la laïcité, j'ai été accueilli par des associations, comités des fêtes et d'entreprise, mairies, pour des conférences publiques ou privées sur des sujets tels que:
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