On le connaissait public, médiéval, ouvrier, de curé, potager, tropical, bio...Le jardin est une entité qui se décline sous de multiples épithètes.
J’ai l’honneur de vous inviter à découvrir une nouvelle espèce, découverte le long d’une petite route d’une commune proche de chez moi, et qui avait jusque là échappé à l’attention des linguistes: le jardin naturiste.
Vu de la route, il présente le même aspect que n’importe quel potager: rangs de légumes, tas de compost et vielle bobine EDF pour poser le pulvérisateur ou le casse-croûte du jardinier, mais lui présente une caractéristique unique: il est naturiste.
Ce qui me plonge dans un abîme de conjectures.
La main qui tenait le pinceau cherchait-elle à avertir de promeneur de quelque grave menace pesant sur l’inconscient mûrissant de coupables projets de larcin visant les légumes, eux-mêmes mûrissant? Et quel était la nature de la menace? Apparition d’un Priape dénudé entre deux rangs de laitues? Obligation de déposer ses vêtements sur la bobine EDF avant d’arracher les navets? Pire encore?
La langue française a ceci de magique qu’elle contient une foule de mots aux sens subtils et imagés, mais on sait que certains se perdent dans la foule. Nous supposerons donc que notre maraîcher anonyme s’est essayé au jardinage sans produits chimiques, vertu que nul ici ne songera à lui reprocher et dont il s’est appliqué à faire la réclame, avec juste un peu moins de dextérité à planter les mots que les légumes.
© Olivier Trotignon 2013