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26 février 2014 3 26 /02 /février /2014 07:52

motte1

 

Voici un très intéressant vestige de l'époque féodale, élevé dans la vallée du Cher quelque part entre Saint-Amand-Montrond et Montluçon *. Cette motte castrale se présente sous la forme d'un dôme encore bien formé, d'une hauteur estimée à une petite dizaine de mètres. Ce petit ouvrage se double d'une seconde motte, plus basse, que je n'ai pu approcher à cause de repousses d'acacias qui rendent le lieu difficile à visiter. Cette défense semble appartenir à un ensemble assez complexe qui mériterait une exploration plus poussée.

 

motte2

 

Cette motte présente la particularité d'avoir été saccagée à une époque récente, semble t-il pour accueillir un hangar agricole. Elle présente une profonde saignée aux bords bien parallèles qui dégage une profonde tranchée. Les différents vestiges au sol laissent penser que quelqu'un a creusé le tertre afin de profiter des trois parois de terre et recouvert le tout d'un toit de tuiles mécaniques. L'ouverture se fait vers l'est, qui est la meilleure orientation pour l'entrée d'une étable ou d'une écurie. Une seconde soustraction, de plus faible volume, a permis la construction d'un petit bâtiment aujourd'hui en ruine.

 

motte-remblais

 

Cette tranchée, qui mettra tôt ou tard la totalité de la butte en péril, présente tout de même un intérêt: observer de quoi est fait le substrat de la motte. Sans être géologue, on remarque tout de même trois composants: une terre qui ressemble à de l'argile, des cailloux usés (venus des bords du Cher ou des terrasses alluviales) et surtout, beaucoup de pierres cassées avec des angles vifs, comme s'il s'agissait de déchets de carrière ou même peut-être de matériaux concassés exprès, l'argile servant de mortier. Une telle technique, qui n'a rien d'improvisée, explique le bon état général de la motte, qui ne s'est pas affaissée comme d'autres dans le même secteur, faites avec des remblais plus légers.

 

motte3

 

Comme c'est assez souvent le cas, je n'ai trouvé dans la documentation aucune famille féodale associée à cet ensemble défensif, soit qu'il ait été la propriété d'un si petit seigneur que l'histoire l'a oublié, soit que son légitime possesseur n'était pas un homme du cru, ayant juste confié le donjon à un officier seigneurial, transparent dans les actes du XIe au XIVe.


* Ce blog, ainsi que mon autre espace "Berry médiéval" attirent, si j'en crois les statistiques, un nombre soutenu de lecteurs détectoristes chercheurs de trésors. En solidarité avec mes collègues et amis archéologues amateurs et professionnels, j'ai décidé de brouiller les cartes et de cacher les noms et les lieux des sites archéologiques sensibles que je publie dans mes billets. Mes lecteurs prospecteurs honnêtes (et il y en a) comprendront cette prudence. Inutile donc, de m'écrire pour me demander des renseignements sur cet endroit...

© Olivier Trotignon 2014

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commentaires

C
Bonjour, en suivant le fil de Sirius, j'arrive sur votre blog et justement les mottes castrales m'intéressent bien. Il faut avoir un oeil d'expert pour reconnaître sur ce site les vestiges d'une<br /> fortification. Charly
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O
<br /> <br /> Non, juste une question d'habitude, et encore, il n'est pas rare d'hésiter devant un tertre qui peut être naturel!<br /> <br /> <br /> Merci de votre visite,<br /> <br /> <br /> O. T.<br /> <br /> <br /> <br />
A
Bonjour, je partage votre avis sur la non localisation délibérée des sites archéo. D'ailleurs ça n'est pas pour rien si la carte archéologique est un document communiqué sous le sceau du secret et<br /> au compte gouttes. De la même façon j'étais pas plus tard qu'hier en compagnie de personnes du diocèse d'Orléans mandatées pour établir l'inventaire des sacristies dans le petit secteur qui<br /> m'intéresse plus particulièrement autour de Gien; il y a des petites choses sympathiques dans ces édifices qu'on aimerait faire découvrir aux gens mais je n'ai même pas pris la peine d'en faire des<br /> clichés, je sais que je ne publierai jamais quoi que ce soit sur mon blog concernant ces objets, même sans localisation précise ce serait trop risqué... c'est malheureux évidemment.<br /> <br /> Intéressante cette motte du reste, et votre analyse de sa composition. Des cas sont recensés d'édifices en dur, particulièrement des tours, établis sur motte qui se sont effondrés, dès leurs<br /> premières années d'existence faute d'un substrat suffisamment dense pour supporter leur poids. L'explication couramment donnée pour une motte supportant un édifice de cette nature ou l'ayant<br /> supporté est qu'elle préexistait ou qu'en tout cas que les deux éléments avaient été établis l'un sur l'autre avec un intervalle de temps d'une relative longueur pour permettre à la motte de se<br /> tasser suffisamment, mais ce que vous mettez ici en lumière pourrait laisser penser qu'il existait au moins une méthode pour éviter ce temps de latence ou bien pour le raccourcir. Très intéressant,<br /> vraiment. Merci encore pour ces passionnants billets. Bien à vous. Antoine.
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S
Intéressante coupe! Une motte de Normandie (je crois) a livré des vestiges de soubassements de constructions "en dur", et nous attendons avec impatience le résultat des mesures de champ magnétique<br /> et électriques effectuée par l'INRAP cet été sur la motte de Vesvre.<br /> <br /> Je comprends votre souci d'éviter les pillages, et c'est pourquoi je ne citerai pas le nom d'une autre motte découpée pour le même usage, à une quinzaine de kms de chez moi. Celle-ci est cependant<br /> dans l'emprise d'une ferme, et les molosses dissuaderaient vite les virtuoses de la poêle à frire!
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