Voici un très intéressant vestige de l'époque féodale, élevé dans la vallée du Cher quelque part entre Saint-Amand-Montrond et Montluçon *. Cette motte castrale se présente sous la forme d'un dôme encore bien formé, d'une hauteur estimée à une petite dizaine de mètres. Ce petit ouvrage se double d'une seconde motte, plus basse, que je n'ai pu approcher à cause de repousses d'acacias qui rendent le lieu difficile à visiter. Cette défense semble appartenir à un ensemble assez complexe qui mériterait une exploration plus poussée.
Cette motte présente la particularité d'avoir été saccagée à une époque récente, semble t-il pour accueillir un hangar agricole. Elle présente une profonde saignée aux bords bien parallèles qui dégage une profonde tranchée. Les différents vestiges au sol laissent penser que quelqu'un a creusé le tertre afin de profiter des trois parois de terre et recouvert le tout d'un toit de tuiles mécaniques. L'ouverture se fait vers l'est, qui est la meilleure orientation pour l'entrée d'une étable ou d'une écurie. Une seconde soustraction, de plus faible volume, a permis la construction d'un petit bâtiment aujourd'hui en ruine.
Cette tranchée, qui mettra tôt ou tard la totalité de la butte en péril, présente tout de même un intérêt: observer de quoi est fait le substrat de la motte. Sans être géologue, on remarque tout de même trois composants: une terre qui ressemble à de l'argile, des cailloux usés (venus des bords du Cher ou des terrasses alluviales) et surtout, beaucoup de pierres cassées avec des angles vifs, comme s'il s'agissait de déchets de carrière ou même peut-être de matériaux concassés exprès, l'argile servant de mortier. Une telle technique, qui n'a rien d'improvisée, explique le bon état général de la motte, qui ne s'est pas affaissée comme d'autres dans le même secteur, faites avec des remblais plus légers.
Comme c'est assez souvent le cas, je n'ai trouvé dans la documentation aucune famille féodale associée à cet ensemble défensif, soit qu'il ait été la propriété d'un si petit seigneur que l'histoire l'a oublié, soit que son légitime possesseur n'était pas un homme du cru, ayant juste confié le donjon à un officier seigneurial, transparent dans les actes du XIe au XIVe.
* Ce blog, ainsi que mon autre espace "Berry médiéval" attirent, si j'en crois les statistiques, un nombre soutenu de lecteurs détectoristes chercheurs de trésors. En solidarité avec mes collègues et amis archéologues amateurs et professionnels, j'ai décidé de brouiller les cartes et de cacher les noms et les lieux des sites archéologiques sensibles que je publie dans mes billets. Mes lecteurs prospecteurs honnêtes (et il y en a) comprendront cette prudence. Inutile donc, de m'écrire pour me demander des renseignements sur cet endroit...
© Olivier Trotignon 2014