A la fin des années 70, plusieurs campagnes de fouilles de sauvetage visèrent une nécropole médiévale et post-médiévale située devant le prieuré de Drevant. Les sépultures, à faible profondeur, étaient pour l'essentiel très dépouillées. Des épingles de linceul, quelques bijoux et monnaies et des perles de chapelet constituaient l'essentiel du mobilier funéraire.
Un objet exceptionnel fut néanmoins trouvé sur place: une jolie matrice de sceau en bronze, avec bélière de suspension, selon l'usage de la fin du Moyen-âge et de la Renaissance.
Ce petit objet, bien restauré, fut identifié comme représentatif de la famille Bonnet. Selon là aussi l'usage du temps, des symboles simples illustraient les noms de famille: un cœur et une saint-Jacques pour Jacques Cœur, une tête barbue et un bar pour les Barbarin de Meslon, une effigie de pèlerin pour Pierre Pèlerin de Saint-Amand; trois têtes couvertes de bonnets sont gravées dans le blason du sceau de Drevant. A coté de l'écusson est reconnaissable un casque à cimier comme beaucoup d'armoiries en portent à l'époque, et qui indique la noblesse du titulaire du sceau.
Ces petites matrices ne sont pas exceptionnelles, mais demeurent rares et surtout terriblement exposées à la prédation des détectoristes (une petite masse de bronze est une des cibles les plus claires pour un détecteur de métaux). Ainsi, sur certains espaces spécialisés sur internet est-il possible d'en voir un certain nombre, souvent de belle qualité, mais privées de tout contexte archéologique. Cela n'implique pas d'ailleurs obligatoirement des pillages. On m'a signalé au moins un cas d'une matrice trouvée "à vue" en pleine ville, dans le Cher. Leur poids, le frottement du métal sur le lien qui les retenait favorisait les pertes. Ces objets étant de plus souvent identifiés à un individu, qui authentifiait ses écrits ou ses biens avec un petit cachet de cire. A sa mort, le sceau perdait toute valeur faciale, pour ne plus représenter qu'un lingot de bronze.
On admirera au passage la finesse du travail de l'artisan qui a gravé le négatif de cette matrice. Pour essayer de représenter l'image en positif, j'ai tenté par Photoshop une inversion d'image. Le résultat est plus artificiel que réaliste.
© Olivier Trotignon 2014