L’église romane de Coust, dans le Cher, est un monument que je peine à conseiller aux amateurs d’architecture médiévale. Bâti selon un plan d’une grande simplicité, une abside flanquée d’un clocher latéral, cet édifice ne présente aucun caractère remarquable qui le distingue parmi les églises du canton et de ses alentours. Peu de sculptures, peu ou pas de mobilier, un clocher dénaturé par l’ajout malheureux d’une flèche de pierre qui a écrasé les proportions romanes bien respectées à Saint-Pierre-les-Etieux et à Colombiers, l’église de Coust témoigne d’une pauvreté initiale peut-être due à la concurrence d’un prieuré de l’abbaye bénédictine de Charenton qui attirait à lui une partie des revenus perçus par l’Eglise dans cette paroisse.
Tout ceci n’a pas empêché un jeune chef d’entreprise originaire de la commune de proposer au moment des journées du Patrimoine 2012 un bouquet d’animations très originales, basées sur un son et lumières nocturnes. L’autre mérite de Julien Descloux est d’avoir assuré la visite de cet édifice toujours fermé qu’on ne fréquente que pour de rares occasions, heureuses ou malheureuses. Le clocher, en particulier, était accessible, ce qui est en général très rare, les élus locaux fermant les accès pour éviter les accidents et les malveillances (les programmateurs de sonneries de cloches peuvent être victimes de farces aussi faciles que stupides).
Le clocher est à l’image du reste du monument. Peu de choses anciennes attirent l’œil. Les cloches sont belles mais récentes, le bâti auquel elles sont suspendues a été rénové très récemment par la société Bodet, qui entretient la célèbre cloche XIIIe siècle de Sidiailles, un simple modillon anthropomorphe vient distraire le regard. Le lieu, débarrassé des pigeons qui le souillaient, est servi par un escalier solide qui en facilite grandement l’accès.
Je n’ai pas quitté l’église de Coust sans aller photographier sous tous les angles possibles ce que je considère comme la vraie rareté de l’endroit: une plaque funéraire chevaleresque anépigraphe mais blasonnée, en grande partie usée par les pas des visiteurs, qui peut dater du XIVe ou du XVe siècle. Le blason, aux contours géométriques, est illisible dans l’état mais compte assez de traits pour permettre d’un proposer une restitution, dessin sur lequel je travaille à mes moments perdus. Un visuel de cette belle pierre sera disponible sur ce blog d’ici peu.
© Olivier Trotignon 2013